Dernière série de conférences

Entrée de la Tente des Nations

Entrée de la Tente des Nations

Il y a exactement une année, je faisais mes bagages pour Bethléem. Après trois mois très intenses, je suis revenus avec mille récits et images à partager.

Voici la liste des prochaines – et dernières – conférences que je vais donner dans ce cadre.

  • Vendredi 28 novembre, 20h, Maison de paroisse d’Yverdon-les-Bains, rue Pestalozzi 6.
  • Nouveau : mardi 2 décembre, 20h Temple de Rolle
  • Vendredi  5 décembre 20h, La Sarraz, Maison de paroisse (ancienne chapelle), route de Ferreyres, (parking à la Coop en face,  Ch. du Record)

Contenu de la conférence :

  1. Pourquoi je me suis engagé comme observateur des droits de l’homme.
  2. Limites et frontières, en nous et sur le terrain.
  3. Le mur : Comment l’appeler? Où est-il? Quels sont ses effets?
  4. La vie quotidienne à Bethléem et dans la région : quelques rencontres.
  5. L’appel des chrétiens de Palestine.
  6. Temps de discussion.

En participant à cette conférence, vous n’aurez pas tout compris, mais vous saurez mieux interpréter les nouvelles données par les médias.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

D’autres ont pris le relais

Vous serez peut-être étonnés de voir que ce site est encore ouvert…en fait il est grand temps que je le ferme.

D’autres ont pris le relais, je vous encourage à vous abonner aux nouvelles des envoyée EAPPI

https://enrouteaveceappi.wordpress.com/

Shalom / Salaam

Publié dans Uncategorized | Commentaires fermés sur D’autres ont pris le relais

L’exception qui confirme la règle

Quelques amis m’ont arraché une dernière conférence pour témoigner de mon expérience d’il y a une année.

Jeudi 19 février 2015, 20h15, Penthalaz
Foyer paroissial
Ch. du Mont-Blanc 3
(derrière la Cure et l’EMS La Venoge)

Mais la roue tourne, lundi prochain, c’est moi qui irait auditionner un candidat au départ dans le programme EAPPI.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Plaidoyer de Desmond Tutu

« Nelson Mandela a dit que les Sud Africains ne se sentiraient pas complètement libres tant que les Palestiniens ne seraient pas libres

Il aurait pu ajouter que la libération de la Palestine serait également la libération d’Israël. »

Telle est la conclusion d’un article que l’Archevêque émérite Desmond Tutu vient de faire paraître dans le journal israélien Haaretz. Je vous en recommande la lecture.

En anglais

En français

DATES DES PROCHAINES CONFÉRENCES CI-DESSOUS

 

 

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Pour une paix dans la justice

  • Jubbet adh Dhib - tree planting-7jan2014 E.Bornand (12)Un groupe de travail de personnes engagées dans l’Église, profondément inquiets au sujet du conflit non résolu en Palestine/Israël, a décidé de lancer un « Appel de Chrétiens et Chrétiennes pour une paix dans la justice en Israël et Palestine ». Cet appel a pris la forme d’une pétition qui sera remise fin mai 2014 aux autorités des Églises suisses. L’objectif de réunir 1’000 signatures a été atteint, mais il est important de montrer le soutien le plus important possible à cet appel. Je vous recommande de le consulter sur la page: http://www.kairos-palestine.ch/fr/index.html. La délai de signature est au 31 mai 2014.

Mes prochaines conférences

  • Dimanche 31 août,  Paroisse de Chavannes-Epenex, participation au culte et conférence l’après-midi (centre paroissial de 1022 Chavannes)
  • Mardi 9 septembre, 20h, Paroisse St-Jean, Lausanne. Maison de Quartier, av Dapples 50, Métro Grancy ou bus 1, arrêt Dapples.
  • Jeudi 11 septembre, 20h, Crêt-Bérard (Puidoux).
  • Dimanche 28 septembre, 17h Ancienne Chapelle de Bel-Air, Cheseaux, (ch. de la Chapelle 10, Vernand-Bel-Air;  arrêt sur demande du train LEB Bel-Air – grand parking sur place)
  • Jeudi 2 octobre, 14h30 Groupe du jeudi, paroisse de Chardonne/Jongny, Foyer Paroissial, rue du Village 45, Chardonne
  • Mercredi 8 octobre, 20h, Maison de paroisse de Vallorbe, 3, rue de L’Ancienne-Poste,
  • Vendredi 10 octobre, 20h, chapelle Trévelin, r. de Trévelin 11, Aubonne
  • Jeudi 23 octobre, 14h, Fil d’argent, groupe des aînés, grande salle de Puidoux
  • Vendredi 28 novembre, 20h, Maison de paroisse d’Yverdon-les-Bains, rue Pestalozzi 6.

Jusqu’en automne 2014, je répondrai volontiers à d’autres invitations.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Promesses

DSCN3267Il est temps de commencer une nouvelle page de cette histoire.
Après le temps du repos et du recueillement (au sens propre : cueillette et mise en forme de mes impressions dispersées et contrastées, de mes émotions parfois violentes, de mes souvenirs et de mes photographies), voici celui de la synthèse.

Au long de cet hiver, j’ai souvent regretté de ne pas pouvoir mieux aider les personnes rencontrées. Et chaque jour, je promettais à quelqu’un d’autre que j’allais faire à mon retour ce qui serait à ma portée : raconter. Devant tant de scandales, j’imaginais naïvement que l’énergie de l’indignation me donnerait la force de témoigner.

Me voici bien obligé de constater que le projet est redoutable. Qui aura l’envie de m’écouter ? Le courage, aussi. Et qui aura le temps ?
Et surtout : pourquoi faudrait-il s’intéresser en particulier à la vie des hommes et femmes de Palestine ?

Je me sens proche de ce jeune garçon qui vient de planter un olivier au milieu des cailloux. Pas sûr qu’il y aura assez de pluie. Grand risque que la plantation, tout juste tolérée par l’armée, soit dévastée demain par la colère des résidents de la colonie voisine.

Mais comme dit le proverbe, il y a toujours deux temps favorables pour planter un arbre, n’est-ce pas? C’était il y a 20 ans et c’est aujourd’hui. Alors moi aussi je veux prendre mes responsabilités et travailler les « terres » qui me sont confiées. J’ai commencé à trouver quelques réponses. Je parviens un peu à synthétiser ma pensée et je veux faire ce qui est à ma portée pour tenir ces promesses qui me brûlent le cœur.

Si vous pouvez m’accompagner un bout sur ce chemin, vous serez bienvenus à l’une des occasions suivantes:

  • Dimanche 31 août,  Paroisse de Chavannes-Epenex, participation au culte et conférence l’après-midi (centre paroissial de 1022 Chavannes)
  • Mardi 9 septembre, 20h, Paroisse St-Jean, Lausanne. Maison de Quartier, av Dapples 50, Métro Grancy ou bus 1, arrêt Dapples.
  • Jeudi 11 septembre, 20h, Crêt-Bérard (Puidoux).
  • Dimanche 28 septembre, 17h Ancienne Chapelle de Bel-Air, Cheseaux, (ch. de la Chapelle 10, Vernand-Bel-Air;  arrêt sur demande du train LEB Bel-Air – grand parking sur place)
  • Jeudi 2 octobre, 14h30 Groupe du jeudi, paroisse de Chardonne/Jongny, Foyer Paroissial, rue du Village 45, Chardonne
  • Mercredi 8 octobre, 20h, Maison de paroisse de Vallorbe, 3, rue de L’Ancienne-Poste,
  • Vendredi 10 octobre (20h?), chapelle Trévaux, Aubonne
  • Jeudi 23 octobre, 14h, Fil d’argent, groupe des aînés, grande salle de Puidoux

Jusqu’en automne 2014, je répondrai volontiers à d’autres invitations.

Conférences qui ont déjà eu lieu : Chexbres, Aigle, Vassin, Nyon, Pully, Goumoens-la-Ville, Estavayer-le-Lac.

 

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

De retour

DSCN0364Me voici de retour dans ma chère Suisse qui a si peur des étrangers. Après trois mois si intenses, je me sens décalé… Et le cambriolage de la maison est venu faire déborder le vase des émotions je dois dire. Rien de grave, et même de quoi rire alors que je reviens sain et sauf de Palestine! Désolé les gars, vous avez démoli deux fenêtres pour rien. Dans cette maison, on ne croit pas que les objets de valeur ou les réserves d’argent apportent le bonheur.

De retour en bonne santé physique donc, mais passablement bouleversé intérieurement. Merci à toutes celles et ceux qui m’ont soutenus par leurs messages. J’ai heureusement encore maintenant une période pour me reposer et préparer les quelques présentations que je ferai ces prochains temps. J’espère avoir l’occasion de vous y rencontrer pour partager de nombreuses expériences qui n’ont pas (encore?) trouvé place dans ce blog.

Deux soirées sont déjà prévues. Bienvenue à tous.

Faim et soif de justice à Bethléem.
Le quotidien à l’ombre du mur.

  • Mercredi 19 mars 2014. Conférence à 19h, fin à 21h et possibilité de poursuivre avec le verre de l’amitié, au centre paroissial de Chexbres (en face de l’Eglise au centre du village, places de parc en dessous de la piscine).
  • Vendredi 28 mars 2014, au centre oecuménique de Vassin (La Tour-de-Peilz). Soupe de carême servie dès 17h30. Conférence à 19h, fin à 21h.

Ne tardez pas à demander si vous voulez organiser une rencontre similaire dans votre région. C’est bien volontiers que je viendrai vous raconter mes découvertes et partager mes interrogations. Les prochaines dates seront publiées au fur et à mesure sur ce site.

Publié dans Uncategorized | Un commentaire

Des nouvelles de Cremisan

Article du journal 24 heures du 29 janvier 2014

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

L’intifada de la prière

Messe à CremisanJ’ai pris des centaines de photos pendant ces trois mois. J’allais détruire celle-ci, mal cadrée et pouvant prêter à confusion, mais elle a retenu mon attention au dernier moment.

C’est avec elle que je veux vous raconter les messes à Cremisan.

Cremisan est une magnifique vallée entre Jérusalem et Bethléhem. Des moines y cultivent des vignes en terrasses qui donnent un vin réputé. On peut encore presque se croire en paysage biblique, jusqu’à ce qu’on rencontre le mur de séparation qui étrangle déjà le village voisin de Al Walaja. Chaque vendredi en fin d’après-midi, les curés de Bethléem pratiquent ici « l’intifada de la prière »: une messe est dite en plein air en guise de protestation pacifique, au milieu des oliviers, sur le tracé annoncé du mur de séparation. 52 familles perdraient leur terre et/ou leur maison. La construction se ferait entre deux monastères, un comble.

Ne voyez aucune ambiguïté dans ce baiser de paix. Moi aussi j’embrasse ce curé, un nouvel ami très cher. Besoin de toucher pour dire la fraternité. On n’est plus en état de politesse ou de fausse pudeur. On est en plein combat spirituel. Tous les outils du combat pour la paix et la justice sont réquisitionnés.

Le geste fraternel ouvre une brèche en forme de V au centre de l’image. A qui sera la victoire ? Aux résidents de la colonie de Har Gilo, dominant la vallée en arrière fond ? Ou aux chercheurs de paix, qui voient le V de la victoire déjà acquise dans la forme de la coupe de communion ?

Voyez les armes des chrétiens en équilibre instable sur une table de pique-nique. Le caillou sert de point de repère de semaine en semaine. Sentez le vent froid qui agite la nappe et explique le bonnet du curé.

Il n’y a qu’une petite assistance à ces messes. Il faut dire que sur le versant ombragé de la vallée, en fin d’après-midi en hiver, il faut un peu de courage pour battre la semelle pendant la récitation ultrarapide de la liturgie dite en arabe. Il faut surtout beaucoup de témérité, d’énergie et de foi pour participer activement au combat pacifiste. Parfois des groupes d’enfants, des scouts, des visiteurs rejoignent cette assemblée et reçoivent la communion sans distinction de confessions. Tout le monde peut communier (sauf les plus jeunes enfants qui sont bénis par le prêtre qui élève les hosties au-dessus de leur tête). Il y a aussi toujours quelques « internationaux » et journalistes. C’est l’un d’eux qui tient son immense zoom et le flash sur la droite, ajoutant dans l’instant comme une croix au tableau. Les caméras et les appareils photos feront-ils taire les armes à feu?

Oui, tout cela dans une photo prise en vitesse. J’ai compris qu’ici plus qu’ailleurs peut-être, il faut apprendre à regarder.

Une dernière chose : pas de vin de Cremisan dans la coupe de terre cuite au pied incliné. Car ce qui est encore un fleuron de la Palestine est boycotté par ceux qui connaissent le dossier…il est plus que probable que le Cremisan devienne du vin Israélien, si la séparation annoncée se confirme. On le saura peut-être mercredi 29 janvier, lorsque le jugement de la Cour suprême israélienne sera rendu quant au tracé du mur. L’avocat s’attend à une nouvelle demi-réponse et de nouveaux atermoiements. Vendredi prochain 24 janvier, à 14h30 (heure suisse) j’irai prier à ce qui pourrait être, Dieu voulant, la dernière messe en plein air à Cremisan si le jugement, miraculeusement, devait stopper le mur. Mais même dans ce cas, il faudra poursuivre avec courage, ailleurs, l’intifada de la prière. Le mur actuel mesure déjà 449km sur les  774km prévus (dont 15% seulement respectant la ligne d’armistice de 1949, chiffres ARIJ 2012).

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

De l’espoir en désordre

 L’article suivant est ma traduction d’un article de mon collègue et ami canadien Peter, The Untidiest Face of Hope, publié sur son blog http://walkinginbethlehem.blogspot.com  14 Jan 2014 (texte original en bas de page).

La  Palestine peut être affreuse. Laide. Il y a des montagnes de déchets ménagers dans les rues. Ceci est surtout dû au manque de services publics, même si les gens paient beaucoup d’impôts aux forces d’occupation.

Les terrains vagues, par exemple, servent de dépotoirs parce que les gens n’ont pas d’autres endroits[1] pour jeter sanitaires cassés, déchets de chantier, vieux divans, sans parler des branches d’arbres (en particulier après la tempête de neige), des jouets cassés, des vieilles lampes, des chaises, tout ce que vous imaginez…

Il y a bien des poubelles comme chez nous, mais pas assez. Alors elles débordent. Les services municipaux sont désorganisés et en sous effectifs (du côté Palestinien, je dois dire, pas du côté Israélien, là où il y a de l’argent et du personnel).

J’ai refusé de photographier ces déchets, car j’imagine hélas trop bien comment les gens pourraient réagir.  J’ai déjà entendu un volontaire ici (pas un membre de EAPPI, heureusement) dire quelque chose comme « est-ce que ces gens ne peuvent pas soigner leur environnement ? »

C’est sans doute un peu vrai. Les gens pourraient être plus soigneux. Mais cette situation reflète surtout leur sentiment d’impuissance face à l’occupation. Leur fatalisme devant l’impossibilité d’améliorer les choses. Ou plus précisément, leur désespoir.

Je refuse de critique les gens désespérés. Dans de telles circonstances, c’est si compréhensible.

Par ailleurs,  les Palestiniens ont un sens de l’espoir étonnant, créatif et obstiné (et, oui, désordonné). Cela se remarque particulièrement dans les villages et banlieues, où de nombreux bâtiments semblent inachevés. Ce qui serait impensable chez nous est habituel ici : les immeubles sont stoppés à mi-hauteur, comme celui-ci

DSCN1124

Vous voyez le toit incomplet de cette Mosquée?[2] Ces fers à béton qui pointent vers le ciel ? Ils vont rester ainsi quelques semaines, mois, années. Pour toujours peut-être. Ils attendent que béton et briques soient mis en place pour terminer la structure. Des centaines, peut-être des milliers de maisons et d’immeubles en Palestine ont des toits qui ressemblent à cette mosquée. C’est désordonné, affreux, même, à vrai dire. Et ce n’est pas pour me déplaire.

Pourquoi ?

Beaucoup de bâtiments sont menacés de démolition dans la zone C (qui est sous contrôle total de l’administration Israélienne). Il est notoire que ces ordres de démolition sont arbitraires et leur application discriminatoire. Ce sont exclusivement les infrastructures Palestiniennes qui sont visées (je le mentionne car la même administration Israélienne gère les implantations en Zone C, avec une toute autre proportion d’ordres de démolition – s’il y en a même jamais eu –  à l’encontre des bâtiments Israéliens).

Pourtant, la biologie humaine étant ce qu’elle est (en particulier dans les sociétés sous stress), les familles ont tendance à croître. Par des naissances bien entendu. Et de toute manière  parce que les enfants grandissent et nécessitent plus de place, n’est-ce pas ? Les familles Palestiniennes ont  besoin de plus en plus d’espace résidentiel. Une spirale infernale est en route : l’espace disponible est déjà menacé de démolition. La pression augmente, la famille tente d’agrandir la maison malgré tout, reçoit un nouvel ordre de démolition, fait recours, etc…

Rien de plus écœurant que d’assister à ces démolitions—j’en ai vu les tristes séquelles.

Alors merci de rester avec moi, mes amis : tout ceci est affaire de maisons inachevées et de fers à béton. Et d’espérance.

Car voyez-vous, laisser les fers en place sur les toits revient à dire que –  Inch’Allah – soit l’occupation cessera, soit les lois seront mieux appliquées. Ou alors que les ordres de démolition se dissiperont un beau jour comme des nuages. Et les gens pourront ajouter quelques étages à leurs maisons.

Du moins c’est ainsi que je regarde ces hideux fers à béton, dressés vers le ciel comme des doigts fragiles. C’est de l’espoir, complètement, simplement. De l’espoir en désordre.

Peter Fergus-Moore

Traduit de l’anglais (Canada) par Eric Bornand

[1] Note du traducteur : j’ai entendu dire qu’un projet d’usine d’incinération des déchets à avorté car l’autorisation de construire était assortie de l’obligation de gérer les déchets des colonies voisines…

[2] NDT : La photo de la Mosquée est de P.Fergus-Moore. Les autres images ci-dessous sont inspirées par cet article. Sur deux d’entre elles, on devine le mur de séparation au second plan.

DSCN3714 DSCN3712 DSCN3710

Texte original

Palestine can be a very untidy place. By that, I mean that there is a heck of a lot of garbage lying around. This is largely because there are few if any services for the people even though they pay substantial amounts in taxes to the Occupying power.

Vacant lots, for example, are often dumping grounds simply because there is no place for people to put broken down toilets, discarded building materials, old sofas, not to mention tree branches (quite a few of those around yet from the effects of the recent winter storm), broken toys, old electric lamps, chairs and a plethora of other discarded material. That said, there are dumpsters as we know them, but they overflow through the sheer volume of waste because there aren’t enough of them and the disorganized, undermanned municipality service (on the Palestinian side, I might add; certainly not the Israeli side–that’s where the money and the staffing goes) simply can’t keep up.

I have refused to photograph any of this because I can see with gnawing exactitude how some people will react. And I have already heard it here from an international (not one of the EAs, thankfully). It goes something like, can’t these people keep their environment clean?

There is a grain of truth to this–people could be a bit tidier, but there is also a pervasive sense that, no matter what they do, they are powerless in the face of the Occupation to make positive change in their lives: that, friends, is perhaps fatalism. Or more likely, despair. It shows, among other ways, in the untidiness.

I refuse to blame people for despair–it is too understandable under these circumstances.

And yet, Palestinians have the oddest and sometimes most creative and indeed stubborn (and yes, untidy) way of showing hope. You notice this especially in the villages and suburbs.

What you notice is that quite a few buildings look unfinished. In ways unthinkable in Canada’s highly regulated construction industry, the buildings–houses and apartments, usually–are left with the architectural equivalent of a dead stop in mid-sentence, like this mosque in a village not far from Bethlehem:

Many buildings are under demolition orders in Area C (which is under complete Israeli administrative control). The demolition orders are notoriously arbitrary in issuance and discriminatory in enforcement. Palestinian structures are targeted almost exclusively (I note this because the same Israeli administrative control applies to settlements in Area C, without the same frequency of demolition orders–if any are ever issued for Israeli buildings…).

Publié dans Uncategorized | 2 commentaires

Par un autre chemin

Crèche traditionnelleMe voici à la dernière minute pour vous souhaiter une belle Épiphanie. Le manque de ponctualité locale a sans doute un peu déteint. Mais je ne suis pas le seul à tarder. Les mages aussi pourraient bien se faire attendre…Des chrétiens ont inventé ici une nouvelle version de l’histoire. Celle où les voyageurs se heurtent au mur.

Crèche aujourd'huiVoyez cette crèche avec un nouveau symbole. Les mages ne peuvent pas suivre l’étoile jusqu’au bout…

Le mur sépare en particulier les bergers et les mages. Les bergers ont été surpris près de chez eux par la naissance du Messie. Cette crèche veut rappeler que les Palestiniens sont chez eux de ce côté de la frontière. Et les pans de mur sont amovibles, en signe d’espérance. Pour l’instant, les mages de ces nouvelles crèches sont annoncés en retard. Ces étrangers venus d’on ne sait où se heurtent au mur dressé par la bêtise des hommes. Incroyable histoire de Noël, si simple, qui se laisse réinventer aujourd’hui.

Toutefois cette version moderne a ses limites. Dans la réalité, l’entrée en Palestine est facile, personne ne vous contrôle. Le mur sert plutôt à empêcher la sortie. Pour bien faire, il faudrait ajouter un check-point dans la mise en scène. Qui trouvera aujourd’hui cet autre chemin, cette issue dont parle l’Evangile?

Peut-être H., qui organise depuis plusieurs années des manifestations non violentes dans son village.

Messe CremisanPeut-être aussi ce curé qui célèbre des messes en plein air par n’importe quel temps, chaque vendredi en fin de journée, pour protester contre le tracé du mur qui devrait détruire un paysage idyllique et gravement spolier un monastère.

Messe Cremisan

Ou encore Dahoud et Daher, ces deux frères chrétiens qui ont choisi de vivre l’Evangile jusque dans sa plus grande exigence : l’amour des ennemis. Je vous en reparlerai ces prochains jours.Entrée de la Tente des Nations

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Pas de religieuses dans mon taxi

Mi-amusé, mi-traumatisé à ce souvenir, notre chauffeur nous raconte l’une de ses dernières mésaventures. Il devait reconduire chez elle une sœur du Couvent de l’Emmanuel. Comme c’est à deux pas de notre logement, je comprends bien le problème et j’essaie de vous le décrire.

Le couvent et la maison voisine n’ont qu’un seul accès, pour les voitures ou les piétons, le long du mur de séparation. Pour l’emprunter, il faut se rendre exactement devant le check-point gardé en permanence, comme pour accéder en Israël, mais tourner au dernier moment à angle droit au lieu de s’engager dans le point de contrôle. La queue des véhicules qui quittent Bethléem est quasi permanente. Je peux déduire sa longueur depuis ma chambre rien qu’au rythme des coups de klaxons. Les véhicules venant de Jérusalem ne sont pas contrôlés, cette voie est donc libre et il est très tentant pour les chauffeurs qui attendent depuis longtemps de pouvoir sortir d’essayer de doubler la file. Re-klaxons (en fait ici on klaxonne pour tout et n’importe quoi).

Je profite d’un rare moment où le trafic est calme pour faire la photo de ce check-point. Deux voitures seulement attendent, c’est suffisant pour empêcher de tourner à droite, devant la colombe dévorée par le lion.

DSCN2713[1]

Les voisins du check-point doivent donc faire la queue pour rentrer chez eux. S’ils tentent de dépasser la file pour accéder à leur maison, ils se font souvent insulter. Plus grave, s’ils de dépêchent, les soldats pourraient croire à une attaque.

Une  sœur a même été arrêtée une fois car elle a eu l’imprudence de passer trop près des gardes en rentrant chez elle. Et l’autre jour, c’est notre chauffeur qui s’est retrouvé face à un fusil-mitrailleur alors qu’il reconduisait une sœur chez elle :

« Si les gardes voient une femme voilée dans un véhicule qui se comporte bizarrement, ils craignent un attentat. Ça m’a suffi d’une fois…. Plus jamais de sœur dans mon taxi, c’est trop dangereux »

C’est à cause de tant d’absurdités au quotidien qu’il me disait aussi l’autre jour :

« Je ne parle pas de l’occupation à mes enfants, je ne veux pas leur mentir. Je n’arrive pas à mettre d’argent de côté, mais chaque matin je pars au travail pour que ma famille ait l’impression d’une vie normale ».

Un peu plus loin, le long du mur, je retrouve la récente peinture que j’aime tant. Elle ne sera pas restée vierge longtemps, hélas. Triste sourire.

AvantTriste sourire (2) Triste sourire DSCN2326

Mais comme on dit ici à la fin de beaucoup de conversations :

tout ça n’arriverait pas s’il n’y avait pas l’occupation.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Semailles de décembre

« Ils forgeront des outils, non des armes ».

J’aime chanter ainsi l’espérance d’un monde nouveau. C’est ce qui m’a poussé à m’engager dans ce programme. En arrivant ici, je craignais de rencontrer les dangers d’un conflit « ordinaire » : armes à feu, explosions, …. tout ce qu’on nous montre à la télévision. Avec mes collègues,  nous découvrons des affrontements d’un autre genre et des armes inattendues.  Planter un arbre, construire une piscine, agrandir sa maison, planifier une route sont  des actes d’agression ou de résistance d’une violence d’autant plus malfaisante qu’elle est camouflée en gestes apparemment constructifs.

Heureusement, au milieu de tant de confusion, il y a des moments  d’espérance. C’est en tout cas ce que j’ai ressenti  en voyant ces paysans  labourer et semer au milieu des cailloux.

DSC_1429 E.Bornand(HPH) Kh al Nahala sowing 28.12.2013 (8) DSC_1422

Sur une colline au milieu de nulle part, des colons sont venus installer une grande tente en octobre dernier. Elle a bien souffert de la neige, mais deux personnes y résident en permanence malgré tout. Un barbelé protège la parcelle. Le drapeau israélien flotte à la barrière d’entrée. On ne peut accéder ici qu’à pied ou en tout-terrain. L’autre jour, nous avons été appelés pour entendre le récit de l’agression d’un homme par des colons qui l’ont empêché de faire ici même des travaux de soutènement en lui mettant une arme sur la tête. J’ai rencontré cet homme deux heures après et je peux vous assurer qu’il n’avait pas l’air fier. Il raconte que les colons ont appelé la police militaire, espérant le faire arrêter parce qu’il travaillait une terre qui leur appartiendrait de droit divin. L’homme a heureusement été relâché et les colons priés de retourner dans leur tente. A ma connaissance, ils ne seront pas poursuivis pour cette agression.

Dès qu’ils voient quelqu’un s’approcher de leur tente, les occupants  appellent l’armée à la rescousse. Même la jeep de la patrouille ne peut accéder au site, les soldats doivent terminer le parcours à pied.

E.Bornand Outpost  Kh. Al Nahala - 21.12.13(6) E.Bornand Outpost  Kh. Al Nahala - 21.12.13(7) DSCN2237Il faut regarder une carte de la région pour comprendre la stratégie en cours. On est à mi-chemin de deux colonies importantes. La tentative de les relier saute aux yeux.  Les propriétaires palestiniens n’ont plus qu’à  s’armer de courage et de patience pour entamer une procédure judiciaire afin de faire reconnaître leurs droits sur ces terres que les colons traversent pour rejoindre leur avant-poste. Sachant que ces démarches sont interminables, les villageois vont développer ici une (nouvelle ?) stratégie : labourer et semer du blé en urgence pour établir l’usage agricole de ces terres.

Le tracteur, les graines, des outils qui deviennent des armes pour défendre son droit, sa dignité. Pour résister sans violence. Aux colons qui cherchent à les encercler de béton à grande échelle, les villageois répondent par une ceinture d’épis. Cette stratégie sera-t-elle récompensée?

Le blé aura-t-il le temps de pousser? Quel goût aura ce pain?

Alors que je rédige cet article, le journal télévisé annonce la conclusion d’un nouvel accord entre l’Autorité Palestinienne et le Gouvernement Israélien: la construction de centaines de nouveaux logements dans les colonies en échange de la libération de quelques prisonniers. Ils peuvent bien les libérer : si les choses continuent ainsi, si le développement des colonies n’est pas arrêté maintenant, ils se retrouveront à nouveau  dans une prison à ciel ouvert.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Une grande joie

DSCN2335Vitrail principal de l'Eglise luthérienne de Bethléem

Vitrail principal de l’Eglise luthérienne de Bethléem

Cette année, mon espérance vient du Nigeria ! Pour le quatrième dimanche de l’avent, je suis allé au culte de l’Église luthérienne arabophone de Bethléem. Surprise, la moitié des bancs sont occupés par une soixantaine d’Africains hauts en couleur. Le service commence : on nous présente deux pasteurs de passage, un allemand et un américain. Puis le pasteur principal de la paroisse nous explique la présence de ces chrétiens nigérians : leur pays est (je ne peux vérifier mais je le crois volontiers) le seul au monde à offrir à ses concitoyens soit le pèlerinage à la Mecque, soit le voyage à Bethléem. Je me disais aussi que j’en voyais beaucoup de ces cars de touristes africains !

Le service est conduit comme chaque dimanche selon la plus stricte liturgie luthérienne…mais en arabe!

DSCN2334

Gloire à Dieu au plus haut des Cieux

Je repère de nombreux mots semblables à l’hébreu. Le déroulement m’est familier. Je ne comprends rien à la prédication, mais j’aime la sincérité qui se dégage de ces instants. On sent une foi enracinée, concrète.

A la fin du culte, les Nigérians veulent remercier pour l’accueil qui leur a été fait. Ils entonnent comme il se doit un joyeux chant rythmé. Je crains le pire : vont-ils prolonger le culte d’une heure ou deux ? Et c’est le meilleur qui arrive : leur pasteur prend la parole. J’avais remarqué – avec un certain agacement je l’avoue – qu’il filmait toute la cérémonie.

Je le cite de mémoire en traduisant son parfait anglais :

« J’aimerais remercier l’Église luthérienne de son accueil chaleureux. C’est une grande occasion pour nous de visiter cette ville où tout a commencé pour les chrétiens. J’aimerais surtout vous remercier de maintenir vivante, ici, la flamme de la foi. Je dois vous avouer que lorsqu’on m’a dit qu’il y avait ici des chrétiens arabes, je ne l’ai pas cru. J’ignorais leur existence. Je croyais venir visiter seulement Israël. Dans notre pays, le Nigeria, la relation entre chrétiens et musulmans n’est pas toujours facile. Alors quand on m’a présenté un pasteur arabe, j’ai dû le toucher pour croire à son existence. Et bien je vous le dit, ce film que j’ai enregistré ici, en particulier cette prédication, je vais le faire passer sur la télévision nigériane. Les gens entendront pour la première fois l’Évangile en arabe. Et tous sauront que les musulmans et les chrétiens peuvent vivre ensemble ! » Eglise luthérienne Bethléem 4ème avent 2013

A la sortie de l’Église, je suis allé remercier ce collègue et lui ai promis que moi aussi, j’allais faire retentir ce message d’espérance et d’ouverture à la nouveauté.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Le bébé de Bethléem

Je sais, vous êtes jaloux. Je passe Noël à Bethléem et j’ai de la neige. Comment l’imaginez-vous ? Ainsi ?

Vitrail de la Nativité, église luthérienne de Bethléem Bethléem, pl. de la Nativité 22 déc 2013

Bethléem, place de la nativité, 22 décembre 2013

Bethléem, place de la nativité, 22 décembre 2013

Ce que je découvre est bien différent de ces images champêtres.

Il y a par exemple l’exposition actuelle au « Centre pour la Paix ». Des œuvres saisissantes, composées à partir de grenades assourdissantes et de barbelés.

Premier plan : sapin en barbelés. Les boules sont des grenades assourdissantes

Premier plan : sapin en barbelés. Les boules sont des grenades assourdissantes

Barbelés et grenades assourdissantes en guise de sapin de noël

Barbelés et grenades assourdissantes en guise de sapin de noël

Cartouches de lacrymogènes et grenades assourdissantes

L'église, le sapin...et les cartouches de gaz lacrymogène transformées en bougeoirs

L’église, le sapin…et les cartouches de gaz lacrymogène transformées en bougeoires

Mais surtout il faut que je vous dise que j’ai déjà vu le bébé de Noël.

Sa maman n’a même pas une mangeoire où le coucher.

Il est à même le sol, dans un tas de couvertures.

Même pas de mangeoire

Il vient de naître dans une famille à qui nous avons rendu visite alors que le soleil brillait.  Quel plaisir de s’enfoncer dans la neige sur ces chemins où il n’y en jamais. Mais la joie est de courte durée. La  neige qui fond ruisselle de toute part dans la pauvre maison. Enfin…maison, si on veut. Quatre murs pas isolés et un toit de tôles qui plient dangereusement sous le poids de la neige mouillée. Parce que si les propriétaires avaient construit un toit normal, toute la maison aurait déjà été rasée. Le responsable de je ne sais quel ministère palestinien, intervenu dans l’urgence, leur a annoncé qu’ils allaient recevoir…des bâches en plastique pour couvrir la maison. Trois petites pièces de rien du tout pour le couple et leurs 7 enfants. Plus le 8ème, Ahmed, né il y a 10 jours. Découvrant la situation en même temps que nous, notre traducteur a les larmes aux yeux.

« Voyez dans quelles conditions ils nous font vivre. Personne ne voudrait

Le toit de tôle menace de s'effondrer sous le poids de la neige

Le toit de tôle menace de s’effondrer sous le poids de la neige

de cette maison, même pour y loger des animaux».

Il a raison, c’est même moins bien que nos jolies crèches réchauffées par le bœuf et l’âne.

La conduite d'eau pour la colonie que l'on devine à droite. Au centre la petite maison menacée.

La conduite d’eau pour la colonie que l’on devine à droite. Au centre la petite maison menacée.

Snow Khallet Sakariya Neige près de Khallet Sakariya

Cette famille est au « mauvais » endroit. C’est à quelques centaines de mètres du village de Khallet Sakariya[1], au milieu de leur propre terrain. Ils n’ont pas d’eau courante, bien que la conduite pour la colonie voisine de Allon Shevut [2] passe à travers leur domaine. Eux ils doivent se contenter des odeurs des égouts rejetés dans leur jardin. Ils ne peuvent pas accéder chez eux en voiture, le chemin est réservé aux touristes qui suivent le sentier des patriarches. Et surtout ils n’ont pas le droit de réparer le toit. Cas banal dans la région, la procédure est en cours depuis des années devant les tribunaux.

L’un des derniers jugements stipule :

« Votre maison est trop petite ? Et bien arrêtez de faire des enfants ! »

Pour l’interdiction de rénover le toit, ils ont obéi. Mais pas pour l’enfant.

Alors, oui, je me suis déjà recueilli devant le nouveau-né cette année. Et je redoute que l’histoire ne se répète cruellement avec le massacre – aujourd’hui silencieux – des innocents.


[1] Pour ceux qui suivent, c’est bien le nom  Zacharie en arabe !

[2] Si vous souhaitez voir l’autre version de ce qui se passe ici, je me dois de vous signaler le site http://www.etziontour.org.il qui invite à passer ses vacances dans les colonies de Gush Etzion. C’est le même endroit sur terre.  Et pourtant c’est un autre univers. J’ai leur carte touristique sous les yeux, le village de Khallet Sakariya devrait être en plein centre, mais il n’y figure tout simplement pas. Le seul autre village palestinien mentionné, Nahhalin, porte la précision « Entrée interdite » (j’y ai dîné hier, c’était très sympa).

Publié dans Uncategorized | Un commentaire

Interdiction de s’abriter

Imaginez que vous êtes pris sous une violente averse mais que la loi vous interdise d’ouvrir votre parapluie, et que la police va vous arrêter si vous le faites quand même…c’est ce que vivent les habitants de Khallet Sakariya. Dans la crainte même de voir leurs parapluies confisqués.

Neige à Khallet Sakariya 18déc2013

Neige à Khallet Sakariya 18déc2013

Neige à Khallet Sakariya 18déc2013Khallet signifie hameau. Et Sakariya, je n’en sais rien, mais cela fait penser au prénom Zacharie, dont la racine est « mémoire ». J’aimerais bien que mes lecteurs se souviennent longtemps de ce petit endroit coincé entre 4 colonies israéliennes à 30 minutes de voiture au sud de Bethléem. Ces quelques familles sont maintenant sous une épaisse couche  de neige. Voyez les images, on se croirait en Suisse. Les enfants y prennent un certain plaisir évidemment. Mais les photos ne décrivent pas bien la situation : ces gens qui vivent ici depuis des générations n’ont pas le droit de construire, ni agrandir, ni même couvrir leurs maisons autrement qu’avec des tôles. Alors vous imaginez la couche de neige en train de fondre et ruisseler partout. Les fenêtres sont de simples vitres, rien n’est étanche. Tout est humide. Et les maisons sont trop petites.

Ces familles auraient du terrain à bâtir pour être moins à l’étroit…mais c’est interdit car la situation juridique de la zone est contestée actuellement devant les tribunaux. Que les gens soient pauvres, c’est une chose. Mais être pauvre en face des colonies prospères et bien chauffées! Les villageois ont l’habitude de manquer d’eau en été alors que les colons ont des piscines. Cet hiver, nouveau scénario mais même histoire : ils ont froid alors que leurs voisins sont au chaud.

Khallet Sakariya 18déc2103

Des responsables du village nous ont téléphoné pour que nous puissions constater les dégâts. Personne n’avait jamais vu autant de neige ici. On s’amuse un peu de réaliser que les gens ne savent pas conduire sur la neige, qu’ils n’ont pas les outils nécessaires. Pas de sel bien entendu. Ni de chaînes. Mais on rit moins en entrant dans les maisons. Les portes s’ouvrent plus vite que d’habitude. On dirait bien qu’il y a urgence.

DSCN1948DSCN1965

Infiltrations d'eau par le toit de tôleDSCN1951

DSCN1952DSCN1941DSCN1953DSCN1936DSCN1940DSCN1950

Un jeune paysan nous montre ces quelques vaches, d’origine hollandaise si j’ai bien compris. Il en a perdu à cause des chutes de neige, ainsi que des chèvres. Mais il risque d’en perdre bien plus à cause de maladies. Il n’est pas autorisé à faire sortir ses bêtes, même par beau temps! La colonie s’arrête – pour l’instant – à la porte de son écurie. Il a hérité le troupeau déjà de son grand-père…mais il ne peut plus pratiquer la reproduction, faute de place.

Des vaches qui n'ont pas le droit de sortir, alors que leur propriétaire possède des terres

Paysan de Khallet SakariyaDSCN1972

Khallet SakariyaIl fait vraiment trop froid par ici, ces jours.

Y compris dans certains cœurs.

Comment garder espoir alors que les services météo parlent d’une possible nouvelle tempête? Peut-être en lisant l’inscription sur le bus flambant neuf qui vient de reconduire des enfants? Je suis bien content que les Japonais se soucient des Palestiniens!

Offert par l'UNICEF grâce à des fonds du gouvernement japonais

Offert par l’UNICEF grâce à des fonds du gouvernement japonais

En voyant arriver le camion de ravitaillement ?

Les débuts d'une Migros palestinienne?
Les débuts d’une Migros palestinienne?

Ou en regardant ces adultes découvrir des plaisirs d’enfants?DSCN1922 DSCN1923 DSCN1925

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Bethléem demain : un ghetto?

Panneau d'entrée des territoires palestiniens

Panneau d’entrée des territoires palestiniens

Chaque jour, nous passons devant l’un de ces panneaux rouges présents à l’entrée de tous les villages palestiniens :

« Cette route conduit à la zone A sous autorité palestinienne.

L’entrée est interdite aux citoyens israéliens, vous met en danger de mort et contrevient à la Loi Israélienne. »

C’est vrai que les premières fois ça fait réfléchir. Que suis-je venu faire dans cette jungle? Au coin de quelle maison les terroristes vont-ils surgir pour me kidnapper ou faire exploser notre taxi ? En fait cette propagande est juste de l’intoxication. S’il y a danger, c’est plutôt à cause de la manière de conduire des gens du coin…mais je peux témoigner d’une population accueillante qui ne demande qu’à vivre en paix, ni plus ni moins que les autres peuples de la terre. Encore faudrait-il leur en donner les moyens, eux qui voient inexorablement leur maisons détruites, leurs champs confisqués, leurs oliviers sciés ou déracinés.

Le 25 novembre dernier je racontais ce qui se passe du côté de Tuq’ (orthographe arabe)/Tekoa (orthographe hébraïque), là où la Bible situe l’origine du prophète Amos, à quelques kilomètres au sud de Bethléhem. Apparemment les choses ne sont pas près de se calmer ici. En suivant le lien suivant, vous trouverez sur la page du programme EAPPI un texte en anglais de l’une de mes collègues, ainsi que deux vidéos de quelques minutes (liens à la fin de l’article en anglais) qui rendent bien compte de l’étrange atmosphère qui règne en ces lieux lorsque manifestants, enfants, paysans, voisins, représentants des autorités, militaires, journalistes, colons, secouristes…et envoyés EAPPI participent à une étonnante confusion. Il en faut peu pour que la violence l’emporte. Un coup d’oeil à la carte révèle un enjeu de taille : si les colons parviennent à établir un nouveau village ici, ils auront presque achevé de ceinturer le sud de Bethléem (déjà asphyxiée au nord par le mur), transformant la ville en ce qu’il faudra bien appeler alors un ghetto.

En venant ici, je voulais voir les choses en direct, autrement que par l’intermédiaire du journal télévisé qui résume les événements en deux minutes et n’en parle que s’il y a des morts. Ces deux vidéos ont été filmées par l’une de mes collègues. Elles reflètent bien ce que j’ai vu moi-même et je crois qu’elles aident à sentir ce qui se passe ici même si vous ne lisez pas l’anglais et ne comprenez ni l’arabe ni l’hébreu. Remarquez le regard de la jeune femme soldat dans le premier film. Et laissez le second se dérouler jusqu’à la fin.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Images d’espérance

Le calendrier de l’Avent proposé par Kairos Palestine présente cette semaine les conditions de détentions des prisonniers palestiniens, en particulier des enfants. Je tiens à m’associer à cet appel bien que je n’aie pas encore de témoignage personnel à vous transmettre sur ces questions. Si vous voulez vous documenter,  je vous propose de suivre  ce lien.  Je vous recommande particulièrement le récit Puissance de l’amour en prison à la page 20.

Seigneur, souviens-Toi de tous ceux que l’on a mis en prison pour leur combat en faveur de la justice sociale et de la liberté.

J’ai écrit en arrivant que je chercherai les signes d’espérance. En voici deux en images qui deviendront signes si vous les recevez ainsi.

Etranges découvertes

Dans un jardin au coeur d’un village palestinien, un notable me montre fièrement   ce qui a bien l’air d’un ancien baptistère  ou alors je ne sais quel genre d’ancien pressoir ?

Jugez vous-mêmes. DSCN1094 DSCN1093 DSCN1092 DSCN1091 DSCN1090

Un écoulement d’eau est bien visible. Manifestement, le « propriétaire » n’est pas très sûr de la signification de l’objet. Je crois comprendre qu’il l’a récupéré dans une Église détruite par le passé dans ce village pourtant tout ce qu’il y a de plus musulman ? Je n’ai pas réussi à en savoir plus. Voici les quatre faces de l’objet. Qu’en pensez-vous ? Des croix, d’accord. Mais cette étoile ? Et cet espèce de  cercle. Mon interlocuteur aimerait y voir un croissant. Souvenir d’un temps où les religions se respectaient plus qu’aujourd’hui? Probablement pas, mais l’envie de mon guide du jour me fait rêver. Il a installé cette pierre dans son jardin, espérant y voir un symbole de l’unité des religions. En attendant sans doute qu’un spécialiste de l’histoire de l’art nous détrompe, j’aime bien savoir que cet ami musulman conserve chez lui un baptistère « oecuménique ». Quelle que soit l’origine de la pierre, elle parle aujourd’hui de respect de l’autre.

Portes ouvertes au monastère

Ce dimanche, à nouveau pas de culte pour moi. J’étais de service au Check point 300, cet endroit où défilent chaque matin plus de 5000 ouvriers qui se rendent au travail à Jérusalem. C’est toujours une épreuve d’assister à cette cohue. Ce matin, nouvelle « spécialité » : les femmes avaient le droit de passer par le couloir humanitaire, mais pas les hommes. Même pas moi, ni comme touriste, ni comme humanitaire. Mesure vexatoire stupide…en théorie le couloir est ouvert dès 5h. Mais aujourd’hui il a fallu attendre jusqu’à 6h le bon vouloir du garde de service. En effet, dès que la foule s’éclaircit vers 7h, le passage n’est plus contrôlé avec autant de sévérité…donc il ne servait à rien de faire attendre les malades ou les gens qui bénéficient d’une autorisation humanitaire. Rien à comprendre je crois, juste l’application de quelques consignes d’un commandant qui n’est pas sur place et qui décide – ou non – de respecter les droits humains.

Donc début de journée déprimante. Mais à midi, heureuse surprise. Un ami pasteur, engagé à Hébron est de passage, de même qu’une autre pasteure du Canada qui travaille aussi pour EAPPI à Jérusalem. Je les conduits dans une brève découverte de notre quartier, en particulier je leur fait voir  l’endroit où des chrétiens de différentes confessions  prient chaque vendredi le long du mur, marchant entre le point de contrôle et l’entrée du monastère de l’Emmanuel [1].

DSCN1425Les portes sont grandes ouvertes, il y a beaucoup de voitures. Nous jetons un œil, par curiosité, et nous voici accueillis à bras ouvert pour un repas de fête. Le monastère fête ses 50 ans. La vocation de ces sœurs, leur ouverture, leur persévérance devant les difficultés de leur situation nous émerveillent.

Au coin du mur, elles ont choisi de peindre cette icône de la Vierge, avec de l’or et des couleurs qui résistent aux intempéries. L’espérance malgré tout.

DSCN1495 DSCN1499 DSCN1498


[1] Un monastère de sœurs bénédictines de rite Grecque-Melkite Catholique francophone !

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Pour le premier dimanche de l’Avent

Un taxi nous emmenait cet après-midi au centre d’animation du camp de réfugiés[1] d’Aida, un quartier au cœur de Bethléem. Nous devions y participer à une animation avec les jeunes. Mais ils avaient trouvé à s’occuper sans nous. Des cris, des jets de pierre, des gaz lacrymogènes, des explosions de grenades assourdissantes…, le chauffeur plante sur les freins, fait demi-tour et nous emmène à l’écart. On ferme les fenêtres du taxi. Du haut de la rue nous voyons les soldats israéliens s’avancer en direction des jeunes en colère.

C’est tous les jours ainsi. L’air est souvent acre par ici, selon la direction que la brise fait prendre aux effluves des gaz. Quelque chose rebondit près d’une des mes collègues. Je ramasse une de ces redoutables balles en caoutchouc, qui peuvent certainement tuer. On dirait qu’on commence à prendre la mesure de la distance de sécurité nécessaire… L’ambulance se tient prête, par habitude. Heureusement aujourd’hui elle n’aura personne à emmener. D’ordinaire les jeunes attendent qu’il y ait un blessé dans leurs rangs pour arrêter les jets de pierre. Besoin de héros?

On peut donc passer à la suite du programme de l’après-midi : l’anniversaire de Kairos Palestine.

« Kairos » est un terme important dans le nouveau testament qui signifie « Moment favorable ». Ce mouvement qui fédère les Églises chrétiennes de Palestine fête aujourd’hui les quatre ans de la rédaction de son document fondateur. Je vous en recommande la lecture, comme celle de leur appel de Noël (4 thèmes d’information et réflexions pour le temps de l’Avent). Le thème du 1er décembre est justement le sort des réfugiés !

Donc après avoir respiré les « lacrymo » du camp Aida, nous sommes allés manger les petits fours avec les représentants des Eglises locales…Quel drôle de monde! D’autant que pendant ce nouveau trajet en taxi, le chauffeur nous raconte que son frère vient de sortir de prison après…23 ans et que sa famille va essayer de le marier. Abonnez-vous à mon blog, j’aurai encore bien des histoires à vous raconter.

Pour l’instant, fêtons les quatre ans de Kairos. Quatre ans pour un « moment favorable »…ça paraît déjà bien long. Je vous encourage à prier pour que ce mouvement ait le moins d’anniversaires possibles à commémorer. Priez pour qu’il y ait moins de violence envers les jeunes, moins de prisonniers enfermés sans procès, moins d’oliviers arrachés, … Priez pour que l’histoire de Jospeh, Marie et Jésus, les premiers réfugiés de Bethléem, inspire un peu de sagesse aux responsables d’aujourd’hui.

Ô Dieu de toute création, qui nous a adressé CELUI qui est venu baptiser “dans l’Esprit-Saint et le feu” pour nous sauver, nous donner la possibilité de nous repentir pour devenir tes serviteurs fidèles et courageux. Accorde-nous une ardente résolution pour marcher avec toi et nous opposer à toutes les formes de mal. Ouvre nos yeux à la souffrance de ton peuple et renforce notre détermination de solidarité avec tous les assoiffés de ton eau purificatrice, de ton feu décapant comme de ton espoir et de ton amour indéfectible. Dans la foi, nous glorifions ton nom.  (Prière extraite de l’appel de Noël 2013 de Kairos Palestine)


[1] Camp ouvert en 1950! Plus de 22000 personnes habitent l’un des 3 camps officiels de réfugiés en Palestine.

Pendant ce temps, sur la place de la Nativité :

Les préparatifs de Noël vont bon train devant la basilique de la Nativité

Les préparatifs de Noël vont bon train devant la basilique de la Nativité

sapin Noël devant la basilique de la Nativité.

sapin Noël devant la basilique de la Nativité.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Un petit village qui résiste encore et toujours à l’envahisseur

DSCN1135Plus je découvre ce district de Bethléem, plus je pense au village gaulois d’Astérix encerclé par les romains. Il y en a des dizaines ainsi. Tous les ingrédients sont là pour en faire une histoire drôle, mais il manque la potion magique, alors le quotidien des gens tourne au drame, comme dans ce petit village de 350 habitants, Khallet Zachariya à 8 km au sud-ouest de Bethleem.

Selon les critères bibliques, on est ici en Judée. Il suffit pour s’en convaincre de regarder la carte  (*) des colonies déjà établies illégalement à l’intérieur de la ligne-frontière de 1967 reconnue internationalement. La démarche de « grignotage » – parfois à belles dents – a parfaitement fonctionné. En examinant la carte soigneusement, la volonté de créer la grande Jérusalem, comprenant les régions de Ramallah au nord et de Bethléem au sud est évidente.

DSCN1124Khallet Zachariya est entouré de toutes parts. La Municipalité n’a pas le droit de goudronner la rue principale, les rénovations de la mosquée ont été interrompues, aucune extension de l’école n’est autorisée.

La famille S. (12 personnes) a vu sa maison démolie il y a quelques années déjà. Ils ont reconstruit : il faut bien un toit pour les enfants et petits-enfants. Même ces maigres abris au milieu des vignes doivent être démolis. Par contre, sur les collines environnantes, les infrastructures des colonies grandissent à vue d’œil.

Une collonie sur la colline en face du village

Pourquoi ? Parce que deux logiques irréconciliables s’affrontent. Chaque partie au conflit peut invoquer son antériorité : les Israéliens s’appuient sur l’histoire biblique et les promesses divines faites à leurs ancêtres; les Palestiniens brandissent leurs actes de propriétés de l’époque ottomane, britannique. Et même souvent des documents établis par Israël.  Surtout ils racontent les souvenirs de leurs arrières-grands-parents. Mais rien n’y fait. Chaque procès gagné ne fait que repousser l’échéance.

Je fais partie de la génération « kibboutz ». Ceux qui se sont émerveillés de voir fleurir le désert. Ceux qui ont admiré les courageux pionniers juifs trouvant enfin un foyer, construisant un pays à partir de rien, à la sueur de leurs fronts. Ils nous faisaient rêver de vie communautaire au grand air, de résilience après l’horreur des camps de concentration. J’ignore si cette image idyllique a jamais été conforme à la réalité. Ce que je vois, c’est que cette nation d’Israël, ressurgie de l’Antiquité, est emportée par son élan. Ils ont trop bien réussi à se donner un pays. Et ils ne savent plus que faire avec les populations palestiniennes.

Le courant de pensée religieuse qui veut qu’Israël soit le pays exclusif des Juifs et regarde le reste du monde (pas seulement arabe) comme ennemis potentiels connaît une évolution effrayante[1]. La politique israélienne est hypnotisée par la quête de « sécurité » qui justifie tous les abus. Bien entendu, les réactions palestiniennes n’ont pas toujours fait dans la dentelle non plus ! La situation est si complexe, et depuis si longtemps, que chacun trouve sans peine des arguments et des exemples pour dénoncer les crimes adverses.

Les membres du programme EAPPI rencontrent  quotidiennement les ravages causés par cette situation inextricable. Pour la famille S., les premiers procès ont commencé il y a 18 ans. Leur combat contre l’encerclement sera encore long. Et apparemment perdu d’avance : leur cause dépend de la loi militaire (raisons de sécurité) alors que les colons qui revendiquent ces terres sont soumis seulement à la loi civile israélienne.


[1] Cf par exemple Charles Enderlin, Au nom du Temple, Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif (1967-2013), Seuil, Paris, 2013.

(*) Carte du bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU, décembre 2011. Les colonies israéliennes sont en violet. Le village de Khallet Sachariya est en haut à gauche du carré F/21.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Générations sacrifiées

DSCN0933

Ce petit abri suscite un grand émoi. Quelques  colons israéliens sont venus l’installer à un carrefour entre leur colonie de Tko’a  et Tuqu’, un grand village palestinien[1]. La stratégie est connue : un couvert, puis une caravane, puis une arrivée d’eau, puis l’électricité, tout ceci sous la protection de l’armée tenue de protéger les citoyens israéliens. Et l’on se retrouve bientôt avec un nouveau village, de nouvelles routes d’accès interdites aux palestiniens, des champs confisqués. Du point de vue religieux juif, on est ici au cœur de l’antique royaume de Juda, en Terre promise. Cette conviction justifie hélas l’usage de tous les moyens pour (re?)conquérir  le terrain mètre par mètre, « puisque Dieu est de notre côté » comme le répètent volontiers ces jeunes étudiants juifs intégristes venus brandir leur drapeau national. DSCN1032Du point de vue Palestinien, ça ressemble plutôt, pardon pour les simplifications, à la résistance du petit village d’Astérix. La population locale cultive ces terres depuis des générations, tant bien que mal. Quand ils sont menacés d’expulsion, ceux qui ont des papiers en ordre et assez d’argent entament des procédures judiciaires qu’ils gagnent parfois après de longues années. Au regard de la loi civile israélienne, ces colonies sont illégales, mais tolérées dans la pratique. Par le passé, des affrontements violents ont eu lieu. Actuellement, pour ce que j’en sais, les manifestations sont tendues mais restent, sinon pacifiques, du moins non-violentes.

Vendredi dernier environ 60 jeunes, assez bien encadrés par des adultes, ont défilé avec des drapeaux palestiniens, pour protester contre la petite tente rouge. Vous remarquez les barres métalliques fortement enfoncées en terre ? Si personne ne les enlève bientôt, les colons auront beau jeu de dire que ce coin de terre n’appartient à personne. Mais pour les enlever, il faudrait pouvoir s’en approcher. Ce jour-là, alertés par les quelques colons à l’origine de la provocation, une vingtaine de militaires sont venus bloquer le cheminement du cortège.

Deux heures de cris, de slogans, de drapeaux brandis en plein soleil. Quelques journalistes. Quelques arrestations à l’occasion d’une bousculade. Les militaires ne mettent pas de gants[2], mais finalement tout le monde est relâché. Le maire palestinien est apparemment intervenu. Parmi les adultes responsables, tout le monde téléphonait à tout le monde. Comme si chacun prenait ses ordre ailleurs pour savoir s’il fallait ou non laisser la situation dégénérer (bon ça c’est juste mon impression).

Quelques jours plus tard, nouvelle manifestation : des colons, toujours protégés par les soldats, coupent à la tronçonneuse deux rangées d’oliviers le long de la route. Il y a quelques semaines, une voiture a pris feu en passant sur la route (version P : surchauffe du moteur ; version I : cocktail Molotov). Il faut donc empêcher les terroristes de se cacher le long de la route.

Générations sacrifiées

Générations sacrifiées

Ce n’est qu’en triant les photos le soir que j’ai vu ce qui m’avait échappé sous le coup de l’émotion : ce sont les jeunes qui sont envoyés au front. Ce soldat pourrait être le grand frère du jeune manifestant. Je ne sais pas encore bien qui gagne quoi dans cet imbroglio, mais une chose est certaine : les jeunes sont perdants. Des deux côtés du mur.

Si Amos de Técoa revenait, comment arbitrerait-il les choses, lui qui tenait autant à la Promesse qu’à la Justice?

Eloigne de moi le brouhaha de tes cantiques,
le jeu de tes harpes, je ne peux pas l’entendre. Mais que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable ! (Amos 5,23-24)

Je change la destinée d’Israël, mon peuple :
ils rebâtissent les villes dévastées, pour y demeurer,
ils plantent des vignes, pour en boire le vin,
ils cultivent des jardins, pour en manger les fruits ;
je les plante sur leur terre :
ils ne seront plus arrachés de leur terre,
celle que je leur ai donnée
– dit le SEIGNEUR, ton Dieu. (Amos 9,14-15)

La trompette d’alarme retentit à nouveau à Técoa/Teqoa/Tuqu’ (Jérémie 6,1) mais aujourd’hui, c’est le camp de la Paix qui a besoin de renforts.


[1] Post-scriptum pour ceux qui aiment la culture biblique : il s’agit de Técoa, le lieu d’origine du prophète Amos. Une colonie israélienne s’y est établie depuis 1977 en territoire palestinien, à 8,5 km à l’intérieur de la ligne verte déterminée en 1967. Elle compte plus de 2100 habitants (chiffres 2011 de l’organisation israélienne La paix maintenant, cf. peacenow.org)

[2] Cf. quelques photos d’un journaliste indépendant sur ce lien

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

L’envers du mur


DSCN0065Mur à BethléemC’est la première fois, et certainement la dernière, que je peux publier une image encore jamais vue sur internet. L’autre jour, devant ces magnifiques couleurs, j’attendais que l’artiste donne un visage à cette femme et à son enfant. J’ai guetté, chaque fois que je passais devant, me demandant si cette moderne vierge à l’enfant allait me plaire.

DSCN0343 DSCN0342 DSCN0341

Mais l’artiste s’est arrêté là.

A moi donc, à mes compagnons au travail ici ces jours, de mettre des visages sur celles et ceux que ce mur empêche de vivre dignement.

Si je retrouve l’artiste, je lui demanderai s’il sait que juste de l’autre côté du mur, il y a le tombeau de Rachel, lieu saint essentiel pour le Judaïsme, qui explique les méandres absurdes de la frontière dans ce quartier. Si l’artiste a fait exprès, c’est un génie, s’il l’ignore, c’est que le mur n’empêche pas l’Esprit de souffler.

Il y a bien longtemps, Jérémie (31,14-16) annonçait ainsi l’espérance en vue du retour en ses terres du petit reste du peuple d’Israël dispersé:

« Une voix retentit dans Rama, une voix plaintive, d’amers sanglots. C’est Rachel qui pleure ses enfants, qui ne veut pas se laisser consoler pour ses fils car ils ne sont plus. Ainsi parle Adonaï : que ta voix cesse de gémir et tes yeux de pleurer, car il y aura une compensation à tes efforts, parole d’Adonaï, ils reviendront du pays de l’ennemi. Et il y a de l’espoir pour ton avenir, parole d’Adonaï, tes enfants rentreront dans leur domaine.

Cette parole est célèbre surtout pour être citée en Matthieu 2,17 à propos du massacre des enfants par le roi Hérode.

Bon, il faut que je me fasse à l’idée que ce mur a deux côtés, qu’ici le monde est à l’envers. Que la foi est sans dessus dessous.

Reste heureusement les hommes et femmes de bonne volonté, et les artistes!

Publié dans Uncategorized | Un commentaire

Porte trop étroite

CP300

Dimanche sans culte pour moi ce matin à Bethléem : je suis de service pour documenter ce qui se passe au « Check point 300 ». Si vous cherchez sur la carte, il faut trouver « Gilo »…mais les gens d’ici n’aiment pas utiliser le nom israélien.  Le dimanche est jour ouvrable en Israël. Au principal point de passage entre Bethléem et Jérusalem, la queue des travailleurs se forme avant 4h du matin. Il faisait moins de 10 degrés je pense. Environ 5000 personnes doivent passer par une seule porte. Je les ai comptés. Une petite centaine de personnes avaient l’autorisation de passer par le couloir humanitaire (oui, le même que celui des touristes). Les autres se pressent dans une cohue indescriptible. Non seulement la porte est étroite, mais le couloir large de 2m à peine est interminable, entre deux grilles. Il faut passer un premier tourniquet devant le garde protégé par sa vitre blindée, puis un détecteur de métal (au réglage très sensible), présenter son permis de travail ou son passeport, et enfin pour les Palestiniens, scanner son emprunte digitale. Les plus sportifs tentent de devancer la file en passant par dessus les tôles et se font invectiver lorsqu’ils se laissent redescendre au milieu des autres; les plus malins ont enlevé une barre à mi-chemin, ce qui crée une compression supplémentaire considérable (je le sais, j’ai testé une fois – qu’est-ce que c’est bien parfois d’être grand et corpulent – qu’est-ce que c’est long une heure écrasé au milieu de la foule). Les plus sveltes tentent de passer à l’insu des soldats en se faufilant « à rebours » par l’accès du côté Jérusalem, moins surveillé. Arrivés de l’autre côté, la file de ceux qui remettent leur ceinture (il a fallu l’enlever pour le détecteur de métal, comme à l’aéroport) serait comique dans d’autres circonstances.

Nous, nous comptons. Nous relatons les situations difficiles. Nous veillons à l’ouverture de la porte du couloir humanitaire. Cette porte spéciale devrait s’ouvrir à 5h. A 5h15, elle est toujours fermée. Je téléphone à la ligne spéciale. Quelqu’un répond qu’il va appeler le poste de garde. Un soldat dit que son capitaine viendra dans 10 minutes. Un homme âgé, incapable de parler, nous demande par signe pourquoi son document est refusé. Nous n’en savons rien, le document est en arabe bien entendu. Le capitaine arrive, nous informe que ce matin le couloir humanitaire ne sera pas ouvert. Aucune explication. nous retéléphonons à la « hot-line ». Puis soudain, vers 5h45 quelques hommes en costume-cravates, puis un groupe de femmes, sont autorisées à passer par la porte « humanitaire ». Pas d’enfants ce matin. La situation se clarifie sur ce point, mais dans le couloir ordinaire, la tension monte. Les plaisanteries se font rares. Quelques cris et bousculades. Le vendeur de café longe la grille par l’extérieur, il a trouvé le bon filon avec cette clientèle captive. Mais son café ne suffira pas à remonter le moral des gens : la plupart se taisent, prennent leur mal en patience.

Ce passage est l’un des principaux entre la Palestine et Israël. Certains de ces hommes ont quitté leur maison à 2h du matin pour ne pas être pris dans la cohue. Ils n’ont pas le droit de franchir la frontière avec leur véhicule. Après avoir passé le Check point à pied, il auront encore une demie-heure de bus jusqu’à leur travail à Jérusalem. Pendant cette dernière étape, leurs papiers pourraient bien être encore contrôlés par une patrouille volante.

Dès 7h, le passage du Check point se libère presque instantanément. Les plus chanceux ont mis une demie-heure pour traverser. D’autres plus d’une heure. Beaucoup se sont vus refuser l’entrée car leur permis n’est pas à jour. Ils devront aller le renouveler ailleurs, ce qui leur prendra un jour de démarches administratives. Plus jamais, je le jure, je ne me plaindrai de devoir faire la queue.

Les images ne sont pas fameuses. Il est interdit d’en prendre à l’intérieur des points de contrôle.

CP300CP300 entrée humanitaire

Un barreau manquant permet à certains de se faufiler pour couper la queue.

Un barreau manquant permet à certains de se faufiler pour couper la file, ce qui provoque quelques énervements.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Peur d’aller à l’école

DSCN0452

(Al Khadra, Jeudi 14 novembre 2013)

Peu avant mon départ de Suisse, le film « Sur le chemin de l’école » rencontrait un grand succès. Je n’ai pas eu le temps de le voir, mais je crois pouvoir ajouter un triste chapitre.  Dans la banlieue sud de Bethléem, le village de Al Khadra  (St-Georges, en arabe) subit un harcèlement continu des colons israéliens des villages voisins et de l’armée israélienne. C’est l’un des nombreux endroits revendiqués par Israël à l’intérieur des frontières reconnues pour la Palestine par l’ONU en 1967. Démolitions, oliviers déracinés, gaz lacrymogènes lancés sur l’école…la liste des hostilités est longue.

C’est à notre tour de venir veiller sur les élèves des écoles (plusieurs bâtiments contigus regroupent des classes de tous âges): comme chaque matin, des centaines d’enfants arrivent à pied pour 7h30. Avant que la sonnerie ne retentisse, une jeep militaire surgit, trois soldats se postent ostensiblement à 100 mètres de l’entrée principale. Il paraît que quand nous ne sommes pas là, ils se parquent devant la porte et provoquent ainsi l’hostilité des plus grands élèves, prompts à jeter des pierres. Les escalades de violence, les arrestations d’enfants sont fréquentes[1]. L’accès à l’éducation, un droit fondamental, n’est pas respecté ici.

Un garçon franchit le mur d’un jardin près de l’école. Il nous montre des restes de munitions avec des caractères hébreux. Grenades lacrymogènes, douilles, vestiges des affrontements des jours précédents. Ce matin, tout est calme, est-ce parce que nous sommes là ? Difficile à dire. Les enfants nous sourient, les grand ados sifflent les filles, les professeurs surveillent l’entrée du collège et nous font apporter du thé. Nous patrouillons autour de l’école, mi- effrayés, mi- amusés de jouer aux gendarmes et aux voleurs.

A notre grand étonnement, un soldat accepte de nous parler. Très poli, intéressé. Avec ses jumelles, il a repéré le logo sur nos vestes et utilisé Google sur son téléphone pour se renseigner sur nous. Une longue conversation s’engage. Cherche-t-il à nous amadouer ? A faire croire aux responsables du collège que nous sommes amis avec lui? Nous voici pris au piège des soupçons, des non-dits. Bien entendu, notre interlocuteur se réfère aux ordres reçus. Il ne maîtrise pas plus que nous les questions politiques. Il aimerait être ailleurs, mais il sait qu’il doit protéger les automobilistes israéliens qui passent sur la grande route, au-delà de l’immense mur qui longe l’école, prémices de l’édification d’une voie de circulation réservée aux résidents et visiteurs de la colonie israélienne voisine. Les jeunes ont l’habitude paraît-il d’y jeter des pierres. Impossible pourtant depuis l’école de voir qui circule sur la route en contrebas, encore ouverte à tous à ce jour. Comment les jeunes pourraient-ils cibler certaines voitures et pas d’autres ? Difficile pour nous d’enquêter plus en détail, mais les moyens engagés par l’armée sont clairement disproportionnés

Peu après notre discussion, trois soldats reviennent se mettre à l’affût derrière l’école. La jeep les dépose avec des caisses de munitions. Ils sont équipés de tenues d’assaut et fortement armés. Les volets de l’école se ferment, on entend les enseignants tenter de capter l’attention des élèves. « Nos élèves ne peuvent pas se concentrer avec ces soldats sous les fenêtres » explique un des responsables de l’école. Le directeur vient nous interroger à son tour, se demandant ce que nous avons bien pu discuter si longuement avec le soldat. Impossible pour les protagonistes de se parler en direct. Champ libre pour les projections de toutes sortes, pour imaginer les intentions forcément malveillantes de l’autre.

Les cours se terminent exceptionnellement à midi ce jour-là. On dirait que les militaires ne sont pas au courant de l’horaire spécial. Nous quittons les lieux après les enfants, un petit sourire aux lèvres, laissant les soldats surveiller une école vide.  Mais le lendemain nous repassons devant l’école : la route est jonchée de détritus, de pierres, signe que des affrontements ont tout de même eu lieu après notre départ.


[1] Selon la section « Palestine » de l’ONG Defence for Children International (pour la défense des droits des enfants), 8000 enfants palestiniens ont été arrêtés, interrogés et poursuivis en justice ces 12 dernières années. Selon la loi en vigueur dans les territoires occupés, les enfants peuvent être arrêtés dès l’âge de 12 ans. (cf. http://www.dci-palestine.org)

DSCN0399  DSCN0426L'école des filles

E.Bornand Bethléhem, préparation Noël 2013, 13.11.13
Pendant ce temps, on commence à préparer Noël devant la basilique de la Nativité
Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Apprenti reporter

Vous ne comprenez pas bien les tenants et aboutissants de l’article précédant? Moi non plus. D’ici quelques semaines peut-être, j’arriverai à m’y retrouver un peu mieux. En attendant mon expertise (?!), vous pouvez toujours jeter un coup d’oeil à ces cartes pour prendre la mesure de la complexité locale.

palestine-jerusalem-est-fevrier2007!Jerusalem Est et Bethléem

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Premier tour d’horizon

Le programme des accompagnateurs ou accompagnatrices œcuméniques fonctionne sur le principe d’équipes qui se succèdent tous les 3 mois. Nous sommes 35 à commencer ces jours, répartis dans 7 équipes en Palestine. Jusqu’à mardi prochain, nous recevons nos dernières instructions avant de relayer celles et ceux qui ont travaillé ici depuis l’été. Les images ci-dessous ont été prises lors d’une tournée dans la banlieue à l’est de Jérusalem, haut lieu de contestations puisque les constructions israéliennes s’y étendent à grande vitesse et auront bientôt coupé en deux la Cisjordanie. Entre deux…des terrains rocailleux, privés d’eau par les besoins des colonies. Des bédouins (citoyens israéliens) tentent de vivre là avec quelques moutons. Mais en septembre dernier, l’armée a rasé leurs maisons. En voici quelques tristes images. Cet hiver plusieurs familles dormiront sous des tentes de fortune et les troupeaux en plein air. L’olivier dans le rond-point ne mérite plus de symboliser la paix : il démontre plutôt l’absurdité d’une situation où les dialogues semblent impossibles. Il n’y a pas 500m entre cette herbe verte qui ne sert qu’au plaisir des yeux, dans la colonie israélienne, et ces troupeaux qui meurent de faim (au bas de la dernière photo)…Mais il y a des barbelés…

DSCN0244 DSCN0238 DSCN0235 DSCN0254DSCN0218 DSCN0232 DSCN0210

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Je suis au pied du mur

Saviez-vous que les anges peuvent avoir des nationalités? Ils sont autour de moi : une polonaise, une norvégienne, une anglaise, un canadien. Je les ai rejoint pour passer l’hiver à Bethléem, pas tant pout fêter Noël que pour chercher la colombe de la paix. Petit rappel des faits :

C’est en me demandant quel sens pourrait avoir un congé sabbatique pour moi que j’en suis venu à répondre à un appel intérieur. J’ai été accepté pour participer à un programme du Conseil Oecuménique des Eglises (COE). De novembre à janvier, je rejoins une équipe internationale « d’observateurs de la paix » en Israël/Palestine. Je vais rendre compte de ce que je verrai, espérant contribuer sinon à plus de paix, en tout cas à moins de violence (voir la page « A propos de l’auteur » pour plus de détails)

Me voici pour trois mois « au pied du mur ». Les uns le qualifient de « sécurité », les autres de « séparation », d’autres encore « de honte » ou « de l’apartheid ». Et moi, quel nom vais-je lui donner? On verra d’ici quelques semaines. La  première fois que j’ai passé un check point, presque par hasard (!?), il y a quelques années, c’était déjà ici, sur la terre de l’enfant de Noël. Croyant venir en pèlerinage là où tout a commencé et découvrant une situation plutôt « apocalyptique ». J’avais été comme hypnotisé au spectacle d’un vieil homme malade, devant changer d’ambulance (par crainte des attentats), fouillé pour vérifier qu’il ne représentait pas de danger. Ce souvenir a germé en moi et donné vie au désir dérangeant qui m’a conduit ici. J’ai senti le besoin de m’engager concrètement pour que ma récitation du Notre Père puisse (re)trouver du sens. « Que ta volonté soit faite », « que ton règne vienne »… j’ai bien assez prêché qu’il fallait être prêt à devenir nous-mêmes la réponse à nos prières. Pris à mon propre jeu en quelque sorte. Pas de chemin de Compostelle pour moi, ni de cours universitaires, ni de retraite spirituelle (une autre fois peut-être?), mais un engagement citoyen.

En me préparant à ce service, j’ai été frappé par une photographie du mur qui prend fin absurdement dans le désert. Une des observatrices qui m’a précédé nous apprenait alors que le chantier avait été interrompu car il fallait permettre le passage…des antilopes. J’ai commencé par y voir le symbole des forces de vie, toujours prêtes à surgir,  jusqu’à ce que j’apprenne que l’armée utilise ces animaux pour défricher des terrains et limiter le nombre de cachettes possibles. Premier avertissement : il me faudra du temps pour essayer de comprendre, d’interpréter. Deuxième avertissement, reçu à mon arrivée lundi dernier à Bethléem : il me faudra de la patience (je le savais bien entendu, mais c’est autre chose de le constater). Le vice-président Kerry a choisi ces jours pour passer par ici (de même que le président polonais, ce qui n’est pas dans vos journaux je pense et montre l’avantage que vous aurez à suivre ce blog)…je ne vous explique pas les embouteillages!

J’espère que vous aurez aussi de la patience pour me suivre dans mes découvertes. Vous pouvez vous abonner pour recevoir les prochains articles de ce blog en cliquant sur « Suivre/Follow » qui apparaît en bas de l’écran (en tout cas c’est comme ça sur mon ordi. Si vous n’y arrivez pas, vous pouvez me faire un courrier électronique à bornandhappy(at)bluewin.ch)

Merci à vous qui passez par ici. Oui merci d’oser voir et entendre avec moi ce qui se passe à Bethléem aujourd’hui, Si je n’avais pas été accepté pour ce programme, j’aurais peut-être fait une formation de clown…alors si vous priez pour moi, merci de demander que je garde un sens de l’humour utilisable.

Merci à vous qui priez, qui espérez, qui attendez avec tant d’autres que la paix triomphe. Courage! Comme je l’ai lu je ne sais plus où en me préparant à partir: « Nous sommes beaucoup à ne pas être nombreux »

Peinture en cours de réalisation sur le mur à Bethléem, mardi 5 novembre 2013. Quel visage va apparaître?
Peinture en cours de réalisation sur le mur à Bethléem, mardi 5 novembre 2013. Quels visages vont-ils apparaître? Vous le saurez en suivant ce blog!
Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Terre ceinte

Quoi qu’il (m’) arrive ces prochains temps, j’espère garder mon sens de l’humour et mon amour des jeux de mots. Et comme ma mission est, en particulier, de rendre compte en français de ce que je vois, je ne résiste pas à l’assonance. Oui la terre « sainte » est aussi, aujourd’hui, ceinte. Encerclée.

Elle est grosse de frustrations, d’incompréhension, de peur et de violence. En se séparant, en mettant à distance l’autre qui fait peur, c’est soi-même que l’on enferme. Même si on possède la clé de la prison.

Seigneur, pourrons-nous voir naître à nouveau l’espérance en cette terre ceinte?

Certains y croient en tout cas, à voir les centaines de graffitis – des oeuvres d’art en réalité, pour beaucoup –  qui recouvrent le béton (à hauteur d’échelle en tout cas). Voyez par vous-mêmes!DSCN0070 DSCN0066 DSCN0056 DSCN0055 DSCN0042 DSCN0038 DSCN0039

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire